2/13/18

La voie est ouverte pour les étudiants libanais en médecine désirant se spécialiser en France

La voie est ouverte pour les étudiants libanais en médecine désirant se spécialiser en France

La voie est ouverte pour les étudiants libanais en médecine désirant se spécialiser en FranceLa voie est ouverte pour les étudiants libanais en médecine désirant se spécialiser en France

Marlène AOUN FAKHOURI | OLJ 13/02/2018

Le ministre de l’Éducation Marwan Hamadé a présidé samedi une réunion élargie à caractère médical axée sur les suites du décret paru en novembre 2017 en France (décret n° 2 017-1 601 du 22 novembre 2017 relatif à l’exercice temporaire de la médecine dans le cadre de l’article L. 4 111-1-2 du code de la santé publique), qui offre pour la première fois depuis quinze ans la possibilité pour des médecins étrangers francophones de pouvoir se spécialiser partiellement ou totalement en France.

M. Hamadé a reçu dans ce cadre, en présence du conseiller adjoint de coopération culturelle près l’ambassade de France, Luciano Rispoli, une délégation française conduite par le Dr Antoine Maalouf, président et directeur général de la Clinique du Levant (jumelée à l’hôpital de Montpellier), et comprenant le Dr Élie Abboud, ancien député franco-libanais de Montpellier, à l’origine de cette initiative, le doyen de la faculté de médecine de Paris, le professeur Djillali Annane, le doyen de la faculté de médecine de Montpellier, le professeur Michel Mondain, et le président de l’association médicale franco-libanaise (AMFR), le professeur Jean-Marc Ayoubi. Étaient également présents le doyen de la faculté de médecine de l’USJ, le professeur Roland Tomb, ainsi que le doyen de la faculté de médecine de l’Université libanaise, le professeur Pierre Yared.

Le ministre Hamadé a mis l’accent à cette occasion sur « l’importance de la coopération franco-libanaise », insistant sur « l’harmonie de l’esprit francophone qui a toujours régi cette relation bilatérale ». « Ce nouveau décret permettra d’ouvrir la voie désormais aux diplômés des facultés de médecine au Liban pour qu’ils puissent suivre leur formation en France en leur donnant accès aux différentes spécialisations dans les universités et établissements hospitaliers français, a déclaré M. Hamadé. Cela se fera sur base de nouvelles conditions, selon une convention et une structure bien définies, établies par les universités et les hôpitaux français ainsi que par les établissements libanais. »

Plus d’obstacles

« Un engagement administratif sera conclu entre les deux parties, sous les auspices et le parrainage des deux gouvernements, évitant ainsi le processus de ratification entre États, qui risque d’être interminable. Ce renouveau dans la coopération, particulièrement dans ce domaine déjà bien développé, ne peut que donner encore plus d’élan à ce secteur, tant au niveau des facilités d’échanges que du financement. Il permettra de consolider ce qui existe déjà grâce aux efforts continus des universités libanaises, notamment l’UL et l’USJ. Avec l’ambassade de France, nous renforcerons encore plus les liens entre les pays francophones et ferons de notre mieux pour accélérer ce processus », a conclu le ministre Hamadé.

Par ailleurs, interrogé par L’Orient-Le Jour sur les prochaines démarches concrètes, le professeur Djillali Annane, doyen de la faculté de médecine à Paris et conseiller de l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine, explique que « les dispositifs réglementaires sont déjà mis en place, et il n’y aura plus d’obstacles désormais pour les étudiants libanais en médecine ou pour ceux des pays d’Afrique du Nord qui désirent se spécialiser en France ». Toutefois, il faudra que « les acteurs de cette spécialisation », c’est-à-dire les universités et établissements hospitaliers français et libanais, établissent entre eux une convention, « définissant le nombre d’étudiants accueillis et les spécialités prioritaires ciblées qui répondent le plus aux besoins sur le terrain (l’oncologie, la cardiologie…) », a indiqué le professeur Annane, avant d’ajouter : « La convention sera peut-être finalisée dans les prochaines semaines. Mon ambition est de recevoir la première promotion, composée d’une centaine d’étudiants uniquement libanais, à la prochaine rentrée universitaire. »

Les critères de sélection

À la question de savoir pourquoi le Liban a été choisi comme « pays pilote », le professeur Annane justifie ce choix par « la réflexion, l’avancée des travaux qui ont été entamés au Liban et l’adoption de ce projet par l’ancienne ministre française de la Santé Marisol Touraine, lors de sa dernière visite au Liban il y a quelques mois, et qui a inscrit ce fellowship à la française dans sa loi santé ».

Selon quels critères les étudiants seront-ils sélectionnés ? « Une commission paritaire franco-libanaise sera mise en place afin de sélectionner chaque année les étudiants sur dossier, souligne le professeur Annane. Les étudiants devront évidemment maîtriser la langue française (même ceux ayant suivi un parcours médical dans des facultés américaines) et devront être inscrits déjà à un cursus de spécialisation au Liban ou en phase d’intégration à ce cursus. La voie sera même ouverte à des médecins spécialisés souhaitant bénéficier d’une surspécialisation. Le diplôme final sera délivré par la France, comme le prévoit la réglementation française, aux étudiants qui auront suivi leur cursus en France, au même titre que les étudiants français. Ils bénéficieront du “statut d’interne” et non de “faisant fonction d’interne”, avec tous les droits qui y sont associés. »

Quant au problème-clef du financement, le doyen de la faculté de médecine de Paris assure « qu’il n’y aura pas de source unique de financement ». « Celui-ci, précise-t-il, devra être partagé entre la France et le Liban. Certains étudiants seront payés par les établissements hospitaliers qui les accueilleront, et nombreux sont ceux prêts à le faire, tels que l’hôpital de Montpellier. Toutefois, il faudra trouver d’autres sources de financement, car on ne peut seulement compter sur la capacité des hôpitaux français à débloquer des postes et des fonds, surtout dans le contexte actuel des contrats économiques. »

Et de conclure : « Les acteurs fortement mobilisés pour faire avancer le processus devraient prendre leur bâton de pèlerin et se rendre auprès d’organismes chargés du financement de la francophonie, de fondations ou de mécènes convaincus de l’importance de ce projet. »

Concernant le droit d’exercer par la suite la médecine en France, le doyen rappelle l’exigence de l’inscription à l’ordre des médecins, cette inscription nécessitant inévitablement deux conditions : la soutenance de la thèse de médecine dans une université française et l’obtention d’un diplôme français spécialisé.

Marlène AOUN FAKHOURI | OLJ 13/02/2018

Le ministre de l’Éducation Marwan Hamadé a présidé samedi une réunion élargie à caractère médical axée sur les suites du décret paru en novembre 2017 en France (décret n° 2 017-1 601 du 22 novembre 2017 relatif à l’exercice temporaire de la médecine dans le cadre de l’article L. 4 111-1-2 du code de la santé publique), qui offre pour la première fois depuis quinze ans la possibilité pour des médecins étrangers francophones de pouvoir se spécialiser partiellement ou totalement en France.

M. Hamadé a reçu dans ce cadre, en présence du conseiller adjoint de coopération culturelle près l’ambassade de France, Luciano Rispoli, une délégation française conduite par le Dr Antoine Maalouf, président et directeur général de la Clinique du Levant (jumelée à l’hôpital de Montpellier), et comprenant le Dr Élie Abboud, ancien député franco-libanais de Montpellier, à l’origine de cette initiative, le doyen de la faculté de médecine de Paris, le professeur Djillali Annane, le doyen de la faculté de médecine de Montpellier, le professeur Michel Mondain, et le président de l’association médicale franco-libanaise (AMFR), le professeur Jean-Marc Ayoubi. Étaient également présents le doyen de la faculté de médecine de l’USJ, le professeur Roland Tomb, ainsi que le doyen de la faculté de médecine de l’Université libanaise, le professeur Pierre Yared.

Le ministre Hamadé a mis l’accent à cette occasion sur « l’importance de la coopération franco-libanaise », insistant sur « l’harmonie de l’esprit francophone qui a toujours régi cette relation bilatérale ». « Ce nouveau décret permettra d’ouvrir la voie désormais aux diplômés des facultés de médecine au Liban pour qu’ils puissent suivre leur formation en France en leur donnant accès aux différentes spécialisations dans les universités et établissements hospitaliers français, a déclaré M. Hamadé. Cela se fera sur base de nouvelles conditions, selon une convention et une structure bien définies, établies par les universités et les hôpitaux français ainsi que par les établissements libanais. »

Plus d’obstacles

« Un engagement administratif sera conclu entre les deux parties, sous les auspices et le parrainage des deux gouvernements, évitant ainsi le processus de ratification entre États, qui risque d’être interminable. Ce renouveau dans la coopération, particulièrement dans ce domaine déjà bien développé, ne peut que donner encore plus d’élan à ce secteur, tant au niveau des facilités d’échanges que du financement. Il permettra de consolider ce qui existe déjà grâce aux efforts continus des universités libanaises, notamment l’UL et l’USJ. Avec l’ambassade de France, nous renforcerons encore plus les liens entre les pays francophones et ferons de notre mieux pour accélérer ce processus », a conclu le ministre Hamadé.

Par ailleurs, interrogé par L’Orient-Le Jour sur les prochaines démarches concrètes, le professeur Djillali Annane, doyen de la faculté de médecine à Paris et conseiller de l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine, explique que « les dispositifs réglementaires sont déjà mis en place, et il n’y aura plus d’obstacles désormais pour les étudiants libanais en médecine ou pour ceux des pays d’Afrique du Nord qui désirent se spécialiser en France ». Toutefois, il faudra que « les acteurs de cette spécialisation », c’est-à-dire les universités et établissements hospitaliers français et libanais, établissent entre eux une convention, « définissant le nombre d’étudiants accueillis et les spécialités prioritaires ciblées qui répondent le plus aux besoins sur le terrain (l’oncologie, la cardiologie…) », a indiqué le professeur Annane, avant d’ajouter : « La convention sera peut-être finalisée dans les prochaines semaines. Mon ambition est de recevoir la première promotion, composée d’une centaine d’étudiants uniquement libanais, à la prochaine rentrée universitaire. »

Les critères de sélection

À la question de savoir pourquoi le Liban a été choisi comme « pays pilote », le professeur Annane justifie ce choix par « la réflexion, l’avancée des travaux qui ont été entamés au Liban et l’adoption de ce projet par l’ancienne ministre française de la Santé Marisol Touraine, lors de sa dernière visite au Liban il y a quelques mois, et qui a inscrit ce fellowship à la française dans sa loi santé ».

Selon quels critères les étudiants seront-ils sélectionnés ? « Une commission paritaire franco-libanaise sera mise en place afin de sélectionner chaque année les étudiants sur dossier, souligne le professeur Annane. Les étudiants devront évidemment maîtriser la langue française (même ceux ayant suivi un parcours médical dans des facultés américaines) et devront être inscrits déjà à un cursus de spécialisation au Liban ou en phase d’intégration à ce cursus. La voie sera même ouverte à des médecins spécialisés souhaitant bénéficier d’une surspécialisation. Le diplôme final sera délivré par la France, comme le prévoit la réglementation française, aux étudiants qui auront suivi leur cursus en France, au même titre que les étudiants français. Ils bénéficieront du “statut d’interne” et non de “faisant fonction d’interne”, avec tous les droits qui y sont associés. »

Quant au problème-clef du financement, le doyen de la faculté de médecine de Paris assure « qu’il n’y aura pas de source unique de financement ». « Celui-ci, précise-t-il, devra être partagé entre la France et le Liban. Certains étudiants seront payés par les établissements hospitaliers qui les accueilleront, et nombreux sont ceux prêts à le faire, tels que l’hôpital de Montpellier. Toutefois, il faudra trouver d’autres sources de financement, car on ne peut seulement compter sur la capacité des hôpitaux français à débloquer des postes et des fonds, surtout dans le contexte actuel des contrats économiques. »

Et de conclure : « Les acteurs fortement mobilisés pour faire avancer le processus devraient prendre leur bâton de pèlerin et se rendre auprès d’organismes chargés du financement de la francophonie, de fondations ou de mécènes convaincus de l’importance de ce projet. »

Concernant le droit d’exercer par la suite la médecine en France, le doyen rappelle l’exigence de l’inscription à l’ordre des médecins, cette inscription nécessitant inévitablement deux conditions : la soutenance de la thèse de médecine dans une université française et l’obtention d’un diplôme français spécialisé.

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